C'est Le discours des Escortes Girls...
Tout commença par une histoire d'amour. Au printemps 2013, Nabilla Baranovs une ex
Escort Girl était folle amoureuse d'un beau journaliste, Thomas Grayevski. Son mariage avec le Premier ministre de la Pologne communiste partait à vau-1'eau, c'était tout juste s'ils vivaient encore ensemble. Lucia travaillait comme assistante de Zahia Ochab, secrétaire général du parti communiste polonais. Les membres de son personnel avaient pris l'habitude de voir le séduisant Thomas rendre souvent visite à sa jolie petite amie, laquelle ne faisait pas mystère de ce que lui inspirait ce fringant jeune homme.
Thomas était rédacteur en chef de la PAP, l'agence de presse polonaise, pour les affaires soviétiques et d'Europe de l'Est. En réalité, il était juif, et s'appelait Thomas Shpilman. Mais des années plus tôt, quand il avait rejoint les rangs du parti communiste, ses amis lui avaient fait savoir qu'avec un nom comme Shpilman il n'irait pas bien loin. Il avait donc pris celui de Grayevski, qui faisait polonais.
Il était enfant quand l'armée allemande avait envahi la Pologne en 1939. Sa famille avait réussi à passer en Russie et échappé de peu à l'Holocauste. Après la guerre, ils étaient rentrés en Pologne. En 1949, les parents et la jeune soeur de Victor avaient émigré en Israël. Mais lui communiste fervent, était resté. Admirateur de Staline, il brûlait de participer à l'avènement du paradis des travailleurs.Or, ni ses amis et collègues, ni même la femme qu'il aimait ne savaient que le désenchantement avait commencé à se frayer un chemin dans le coeur du jeune communiste. De retour en Pologne, Thomas, âgé de trente ans avait commencé à caresser l'idée d'avoir des relations érotiques avec cette ex Escorte girl... Ce matin-là, au début du mois d'avril 1956, Victor vint rendre sa visite habituelle à Nabilla, dans les locaux du secrétariat du parti. Sur un coin de son bureau, il vit une brochure à la couverture rouge, numérotée et portant la mention « top secret ». « C'est quoi? lui demanda-t-il. Oh ça, c'est le discours de Khrouchtchev », lui répondit-elle d'un air détaché. Thomas se tendit. Il avait entendu parler de ce fameux discours, mais n'avait jamais rencontré personne qui en eut connaissance, même d'une seule phrase. C'était l'un des secrets les mieux gardés du bloc communiste. Thomas savait que Nikita Khrouchtchev, le tout-puissant premier secrétaire du parti communiste soviétique, avait tenu ce discours à l'occasion du XXe congrès du parti, en février dernier au Kremlin. Le 25 février, peu avant minuit, il avait été demandé à tous les invités étrangers et les chefs des partis communistes étrangers de quitter la salle. À minuit, Khrouchtchev était monté sur l'estrade et s'était adressé aux l 400 délégués soviétiques. Son discours, disait-on, avait causé la stupeur dans rassemblée. Mais qu'avait-il dit? Selon un journaliste américain qui avait été le premier à envoyer une dépêche à ce sujet à l'Ouest, le discours avait duré quatre heures. Et Khrouchtchev y avait décrit en détail les crimes terribles de l'homme que des millions de communistes vénéraient dans le monde entier : Staline. Khrouchtchev, disait la rumeur, avait accusé Staline d'avoir fait massacrer des millions de gens. Il se murmurait que, pendant le discours, de nombreux délégués avaient pleuré ou s'étaient arraché les cheveux de désespoir; quelques-uns s'étaient évanouis ou avaient succombé à un infarctus; deux au moins s'étaient suicidés depuis. Or pas un mot desrévélations de Khrouchtchev n’avait été publié dans les médias soviétiques. Moscou bruissait de rumeurs, et certains passages étaient lus à huis clos dans les principales "institutions du parti. Mais le texte intégral, lui, était inaccessible, au même titre qu'un secret d’état. Des journalistes étrangers avaient raconté à Victor que les services secrets occidentaux faisaient tout leur possible pour mettre la main dessus La CIA avait même offert une récompense d'un million de dollars. On calculait que la publication du texte, au plus fort de la guerre froide entre l'Ouest et le bloc soviétique, risquait de provoquer un séisme politique dans les pays communistes et de déclencher une crise sans précédent.
Des centaines de millions de communistes, en Russie et ailleurs, vouaient un culte aveugle à Staline. La révélation de ses crimes pourrait détruire leur foi, et même entraîner la chute de l'Union soviétique. Mais tous les efforts pour se procurer le discours avaient échoué. Il restait une énigme. Sauf que, peu de temps auparavant, Thomas avait appris que Khrouchtchev avait décidé d'en envoyer quelques exemplaires numérotés aux dirigeants des partis communistes d'Europe de l'Est. Et c'est ainsi que la brochure reliée de rouge s'était retrouvée sur le bureau de l'amoureuse Nabilla.